De notre Pape François :
Aujourd’hui, nous fêtons la Toussaint, et nous pourrions avoir une impression trompeuse : nous pourrions penser célébrer nos sœurs et frères qui ont été parfaits dans leur vie, toujours linéaires, précis, et même « amidonnés ». Au contraire, l’Evangile de ce jour dément cette vision stéréotypée, cette « sainteté d’image pieuse ». En effet, les Béatitudes de Jésus (cf. Mt 5, 1-12), qui sont la carte d’identité des saints, montrent tout l’opposé : elles parlent d’une vie à contre-courant, d’une vie révolutionnaire ! Les saints sont les vrais révolutionnaires.
Prenons par exemple une béatitude très actuelle : « Heureux les artisans de paix » (v. 9), et nous voyons que la paix de Jésus est très différente de celle que nous imaginons. Nous désirons tous la paix, mais souvent, ce que nous voulons n’est pas vraiment la paix, c’est être en paix, être laissés en paix, ne pas avoir de problèmes mais la tranquillité. Jésus, en revanche, ne dit pas heureux ceux qui sont tranquilles, ceux qui sont en paix, mais ceux qui font la paix et qui luttent pour faire la paix, les bâtisseurs, les artisans de paix. En effet, la paix se construit et, comme toutes les constructions, elle requiert un effort, une collaboration et de la patience. Nous voudrions que la paix tombe du ciel, mais la Bible parle de la « semence de la paix » (Zc 8, 12), parce qu’elle germe sur le terreau de la vie, de la semence de notre cœur ; elle grandit dans le silence, jour après jour, à travers des œuvres de justice et de miséricorde, comme nous le montrent les témoins lumineux que nous fêtons aujourd’hui. Et nous avons encore tendance à croire que la paix arrive par la force et la puissance : pour Jésus, c’est le contraire. Sa vie et celle des saints nous disent que, pour pousser et porter du fruit, la semence de paix doit d’abord mourir. On n’atteint pas la paix en conquérant ou en vainquant quelqu’un, la paix n’est jamais violente, elle n’est jamais armée. En regardant l’émission « A sua imagine », je voyais tous ces saints et ces saintes qui se sont battus, qui ont fait la paix à travers leur travail, en donnant leur vie, en offrant leur vie.
2 Novembre
L’attente exprime le sens de la vie, parce que nous vivons dans l’attente de la rencontre : la rencontre avec Dieu, qui est le motif de notre prière d’intercession aujourd’hui, spécialement pour les cardinaux et les évêques décédés au cours de l’année écoulée, à l’intention desquels nous offrons ce Sacrifice eucharistique.
Nous vivons tous dans l’attente, dans l’espérance de nous sentir adressées un jour ces paroles de Jésus : « Venez, les bénis de mon Père » (Mt 25, 34). Nous sommes dans la salle d’attente du monde pour entrer au paradis, pour prendre part à ce « festin pour tous les peuples » dont nous a parlé le prophète Isaïe (cf. 25, 6). Il dit quelque chose qui nous réchauffe le cœur parce qu’il accomplira précisément nos plus grandes attentes : le Seigneur « fait disparaître la mort à jamais » et « essuie les pleurs sur tous les visages » (v. 8). C’est beau quand le Seigneur vient sécher les larmes ! Mais c’est si mauvais quand on espère que c’est quelqu’un d’autre, et non le Seigneur, qui les sèche. Et c’est encore plus mauvais de ne pas avoir de larmes. Alors nous pourrons dire : « C’est notre Dieu, en lui nous espérions » — celui qui essuie les larmes —; réjouissons-nous du salut qu’il nous a donné » (v. 9). Oui, nous vivons dans l’attente de recevoir des biens si grands et si beaux que nous ne parvenons pas même à les imaginer, parce que, comme nous l’a rappelé l’apôtre Paul, nous sommes « héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ » (Rm 8, 17) et « nous attendons de vivre pour toujours, dans l’attente de la rédemption de notre corps » (cf. v. 23).
Frères et sœurs, nourrissons l’attente du Ciel, exerçons-nous dans le désir du paradis. Cela nous fait du bien de nous demander aujourd’hui si nos désirs ont quelque chose à voir avec le Ciel. Parce que nous risquons d’aspirer constamment à des choses qui passent, de confondre les désirs avec les besoins, de placer les attentes du monde avant l’attente de Dieu.